Il est 11h45 et vous êtes dans le train.
Alors que le départ est prévu pour 12 heures, vous vous voyez partir puisque le train d’à côté reste immobile tandis que le vôtre se déplace.
Vous pensez :

  • a. Pour une fois, on part en avance, ça mériterait un reportage à la télévision.
  • b. Le train sera moins bondé, tant mieux pour moi et tant pis pour les retardataires.
  • c. C’est bizarre qu’on parte si tôt... est-ce vraiment mon train qui bouge ?

Il s’agit là d’une expérience courante liée à la relativité du mouvement : croire que notre train se déplace alors que c’est celui d’à côté qui part.
L’illusion est levée lorsqu’un point fixe situé à l’extérieur nous permet de constater qu’on reste immobile.

Fonder nos jugements sur nos premières impressions sensibles est donc une source d’erreur et nous avons besoin d’autres référents pour guider nos idées.

Pour extrapoler un peu à partir de cet exemple, avoir un esprit philosophique suppose de se distancier de l’opinion immédiate, la sienne et celle des autres, pour chercher la ou les vérités à partir de points fixes ; comme notre voyageur qui se servira du quai comme référence objective.

En philosophie, le point fixe dont on a besoin, c’est la raison [1] ou, comme le disait Descartes, le “bon sens”.

  • Philosopher c’est chercher les bonnes raisons dans la Raison.
  • Quand je prends un peu de recul sur moi et sur le monde, je commence à philosopher.
  • Philosopher, c’est s’interroger sur la nature intime des choses.
  • Philosopher, c’est aussi le faire sur soi-même pour accéder à l’autonomie.
  • Etre philosophe, suppose de savoir faire preuve d’esprit critique, y compris en l’exerçant sur ses propres certitudes premières.

P.-S.

Inspiré de « La philo est un jeu » de Christophe Verselle - 2008 - ISBN 978-2-290-00684-9
Photo de Sébastien Chenal.

Notes

[1] Nous entendons ici le mot raison dans le sens de « faculté de penser et de juger au moyen de liaisons intellectuelles rigoureuses ».